Et si...

Publié le par Alex Taurel

2750660415 76ed76f577Au moment où mes yeux s'ouvrent, je n'ai absolument aucune idée de la trajectoire que mes prochaines trente-six heures vont prendre.

Quand mes paupières laissent ma cornée se découvrir, ma main droite s'empare de mon téléphone portable. Il est 10h39 sur la côte d'azur. Nous sommes un lundi matin de décembre, Je m'étire sous la chaleur bienveillante de ma couette et me rend à l'évidence : je n'ai pas eu d'appel, ni de message d'elle. Je me retourne sur le dos, mes yeux fixent le plafond pendant que je prend une grande inspiration que je retiens... et relâche après trente bonne secondes d'une interminable masturbation cérébrale. A partir de maintenant, tout va être simple. C'est sur, il faut que je le fasse. Une phrase va maintenant accompagner ma journée : Au poker comme dans la vie, le plus important ce ne sont pas les cartes mais ce que vous en faites. Je bondis de mon lit, bois une grande gorgée de cristalline et me lève aussi sec. Je sors de ma chambre et allume mon ordinateur. Je profite de son arthrose informatique qui le rend très lent au démarrage pour lâcher ma pisse matinale, assis. Toujours, à domicile. Quand je reviens internet m'attend. Il faut faire vite, je reprend le boulot mercredi. C'est bien connu, le temps va vite dans deux cas : quand on est amoureux et quand on a des choses à faire.

Ah oui, alors du coup j'en profite pour faire une parenthèse. J'aime Camille. Oui ça c'est sûr, je l'aime. Je le sais parce que je suis incapable de fournir une raison ou une explication rationnelle pour laquelle je l'aime. Si ça ce n'est pas de l'amour... Mais il y a deux inconvénients, qui sont comme une paire de dos-d'âne posté devant les écoles primaires, à notre relation. 1- Elle habite loin.  2- Elle est déjà amoureuse. Je développe en une phrase pour répondre à vos interrogations portés sur les affirmations 1- et 2-. Camille est une parisienne amoureuse de sa liberté. Alors évidemment question routine... C'est pas tous les mardi matin que je lui reproche de ne pas avoir refermé le tube de dentifrice. Non, ce qu'il y a d'embêtant avec Camille, c'est qu'il y a des jours avec, et des mois sans. Comme je suis incapable de dire pourquoi je l'aime, je suis aussi incapable de définir notre relation. Enfin surtout de son côté. Parce que du mien... Je me rappelle qu'une fois, en discutant sur internet, une copine que je n'avais pas vu depuis longtemps me demanda :

- "Alors ? tu es seul ?"

-"euhhhh..pfff...nnnnnnn...oui..."

-"Ah ?! tu n'as pas trouvé la femme de ta vie ?"

-"...J'n'ai pas dit que je ne l'avais pas trouvé..."

Bref, je l'aime, elle habite loin, elle m'aime et aussi un peu sa liberté. A moins que ça ne soit l'inverse... Du coup, moi je collectionne, les aphtes, les rognures d'ongles, les cernes. Je bois, je fume, je repousse toujours l'heure de dormir et avance celle de me réveiller dans l'espoir d'avoir ou de voir un signe d'elle. J'essaye par tous les moyens de la retenir à Nous, Je lui écris des lettres, des mails, des sms. Je lui invente des visites surprises. Je crois que des fois je lui manque mais elle ne sait pas trop le dire ou le montrer. Pas trop son truc. Je crois qu'elle a surtout peur de l'autre, peur de quitter sa liberté. En fait, chacun de son côté on se bouffe la vie.Je vous arrête de suite, ce n'est pas triste, c'est comme ça. Si on était des malheureux, on le saurait.

Sauf que ce matin là, et je ne sais pas pourquoi, mon esprit a dit stop. Alors que j'effectue mes transactions de CB par internet, je me brosse les dents tout en m'apercevant qu'il est déjà midi. Le temps passe si vite quand on est amoureux et qu'on a des choses à faire...

Bon d'accord, je ne vais pas faire durer le suspens plus longtemps. J'ai décidé de prendre un billet de train (départ aujourd'hui 16h37, retour demain 18h03), et une chambre d'hôtel pour cette nuit. Et là je suis déjà dans le bus qui m'amèneà la gare. Je n'ai ni appréhension, ni stress pour le moment. Je vois les voitures se croiser, les passants aller et venir sur les trottoirs et ma tête ne plus réfléchir. Comme si elle attendait cette décision depuis un moment. Je descend du bus cent mètres avant la gare, pour marcher un peu. Je m'allume une cigarette, il fait très froid. Je n'ai presque pas de baguage. Mon PC portable, un t-shirt pour dormir, un caleçon et des chaussettes propres, une brosse à dents. et un sac plastique avec de la lecture. Quand j'arrive à la gare, je me rend seulement compte qu'un train sur deux fonctionne à cause des chutes de neige dans toutes la France qui paralysent pas mal le trafic... Je m'insulte intérieurement, puis souffle en découvrant que mon train n'a qu'un quart d'heure de retard... En même temps personne ne m'attend...

Le voyage est un grand classique. Paysage qui s'offre sans retenu, ciel qui s'éteint à mesure que les kilomètres se parcourent, vache immobile, draps étendus dans les jardins aux vastes étendues, chevaux, plaine à perte de vue. Quand on voyage en train, on découvre autre chose de la France. On voit ce qu'on ne verrait pas si on venait dans ces villes. La profondeur, l'arrière des maisons sombres et austères, les grosses culottes des ménagères, le foutoir d'une ferme du centre, les tunnels miteux et taggés. Et puis le soleil tire sa révérence. Les luminaires du wagon naissent, les gens glissent un peu plus dans les profondeurs de leur fauteuil pour s'assoupir, les enfants se taisent de plus en plus, la jeune fille en face de moi est concentré sur le film qui passe sur son PC portable et remonte dans ses oreilles grâce aux écouteurs, l'homme à la grosse voix sur ma gauche lit la biographie de Keith Richards et au détour d'une réflexion, quand mes yeux lâchent les mots d'Anna Gavalda ,dans "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part", je tourne ma tête, et la seule chose que m'offre maintenant le paysage à travers la vitre, c'est mon reflet. Il est 19h04.

Mon corps commence a se contracter à mesure que je me rapproche d'elle. Je gratte régulièrement ma langue contre mes dents et frotte successivement avec ma main gauche, le coin de mon front, mes yeux, mon cou, mon dos, ma barbe, mon oreille droite, ma nuque, un sourcil et le creux de mes deux bras. Je m'aperçois que mon rythme cardiaque commence à manifester et que mes mains sont en pleine séance de sudation. Il faut que je fasse quelque chose. Je prend une feuille blanche qui traîne toujours dans mes poches et un stylo et j'écris. Je lui écris. Il est 19h20 quand je termine de recopier ces mots sur mon téléphone portable :

Ni voit aucune surprise, ou prise en otage... Je suis en Train. Je serai en gare de Lyon vers 22h, au bistrot d'en face jusqu'à minuit, à l'hôtel Camélia cette nuit et vers Bastille demain jusqu'à 17h. Je ne veux ni pitié, ni compassion. Si tu décides de me retrouver, c'est que tu crois en Nous. Si tu ne viens pas, j'arrêterai de te rendre la vie impossible et de te retenir. Je pense que c'est nécessaire de faire ça pour arrêter de me torturer et toi avec... J'ai mal de croire que je suis peut être en trop dans ta vie. Ne t'inquietes pas pour moi, si tu ne viens pas, je ferai des courses de Noël. Ce matin je ne savais pas que je ferais ça, ne m'en veut pas, réfléchit à notre année écoulée... C'est pour notre bien que je fais ça. Je suis malade et mon seul remède c'est toi...

...CAMILLE...Envoyer... Ça y est mon destin ne m'appartient plus. Tous les symptômes précédents s'évanouissent un à un. Je deviens serein. Comme si j'avais fait ce qu'il fallait pour alléger mon esprit, mon âme, mon corps et tout le reste. Comme si j'avais fait ma part du boulot. A partir de ce moment là, démarre simplement l'attente. Et là le temps ralentit soudainement...

Quand le train s'arrête, je remballe lentement toutes mes affaires, je prend soin de laisser tout le monde quitter le wagon et sort en denier du train. Quand je pose mon premier pieds sur le sol parisien, l'espoir de la voir arriver d'un moment à l'autre débute alors, mais je fais comme si je n'attendais rien. C'est idiot, personne ne m'observe pourtant. Je m'allume une cigarette et avance comme un voyageur lambda que je suis. Plus le temps et les mètres passent, plus mes yeux partent dans tous les sens à sa recherche. Ça y est je suis devant la gare. II n'y a pas à dire, il fait froid à Paris, et je ne suis pas du tout équipé pour affronter ce temps neigeux, avec mes converses aux semelles aussi fine qu'un papier à rouler. Comme annoncé, je décide d'aller me restaurer et réchauffer dans un bistrot d'en face. Un croque-madame/frite et un fondant chocolat feront amplement mon bonheur. Je pose mon téléphone sur la table. Régulièrement je déverrouille l'écran de veille pour voir si je n'ai rien manqué. Je dévore mes assiettes, l'aventure ça creuse. A 23hO7, je paye, pourboire, pars et prend la direction du métro. Mon hôtel se trouve à quatre stations d'ici. C'est la premièrefois que je prend le métro aussi peu fréquenté. Nation. Je descend. Reste à trouver l'hôtel. Je sors de la bouche de métro à l'immense rond point d'où partent huit rues. Je fais le tour du rond point en partant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre et en regardant à chaque fois le nom des rues sur l'écriteau blanc. Non. Pas celle là. Et merde. Pfff. Oh lala. Putain tu vas voir que ça va être la dernière. J'en suis sûr. Et bah voilà !!! Par chance, l'hôtel est à quelques mètres du début de la rue. Heureusement ,car je suis en train de perdre mes pieds. Les converses ne sont pas faites pour marcher dans la neige...

Je termine ma cigarette devant l'hôtel Camelia. J'entre. Il ne me parait pas douteux. A l'accueil, un pakistanais.

-"Bonjour, enfin bonsoir, j'ai réservé une chambre pour cette nuit au nom de Parisse"

-"euuuhh ui...bisoir m'siou. Je garde. Pariss ?..."

Long silence de deux minutes...

...

-"Faites voir papier m'siou"

Je m'exécute.

-"M'siou, il y a problème. La réservation est demain..."

Alors comment expliquer ? Je dirais qu'en dix secondes, je me suis maudit d'exister, toutes les insultes apprises depuis le "enculé" de Michel Boulénalès en classe de CP y sont passé, mon dos a sécrété des litres de sueur et ma gorges s'est serré comme si j'allais embrasser pour la première fois.

-"Nonnnnnnnn ?! ça doit être une erreur informatique ! vous n'avez plus de chambre ?"

-"Si, m'siou, une, mais elle s'ra plus chère que la votre."

-"Ok. Je prends."

Ne jamais plus partir aussi précipitamment en effectuant des opérations par internet, sans vérifier trois fois minimum toutes les informations. Je suis passé à côté d'une nuit blanche parisienne, par -8°c.

Je monte les escaliers. Sobre, en bois. La décoration est chaude. Au deuxième étage je me demande pourquoi je n'ai pas pris l'ascenseur et je persiste à ne pas le prendre. Ma chambre est au 5ème. Quand j'arrive devant la porte, je sais déjà qu'aucune surprise ne me sera réservé, j'ai la certitude qu'elle n'est pas là, cela m'évite au moins de jouer de la batterie avec mon coeur. J'entre, pose mes affaires, enlève veste et écharpe, et fais le tour de la chambre comme un gosse. Je suis satisfait. Enfin en même temps je ne suis pas là pour ça. Je monte le chauffage. Enlève mes baskets, mes chaussettes que je place sur le radiateur, et mon jean's. Je file dans la salle de bain pour placer mes pieds sous la chaleur du sèche cheveux. Tandis que je profite de ce plaisir simple de ce souffle qui reconditionne mes petons tétanisés, je consulte une nouvelle fois mon téléphone. Et sûrement pas la dernière. J'allume la télé, Run and hide de Anna Chalon tapisse l'atmosphère. J'ouvre la fenètre qui donne sur le rond point. Le frais rentre mais me fait du bien. Je brave l'interdit et allume une cigarette. De là, j'observe nonchalamment le pauvre ballet tournoyant et lumineux des quelques voitures en circulation. Je suis vide. Je n'arrive à penser à rien. Je tire sur ma cigarette et recrache la fumée sans rien avoir à me dire. Comme si l'inspiration s'envolait à chaque expiration. Il est 1h06. Je décide de ne pas fermer la porte à clef... on ne sait jamais... une surprise...

...

J'ouvre une nouvelle fois cette fenêtre. Et j'observe désormais, le travail des éboueurs vétus d'une combinaison  jaune et verte. Leur journée commence, la mienne ne s'est pas encore terminé. Il est 5h, Paris s'éveille comme dirait l'autre, et moi je veille. Je n'ai pas encore réussi à fermer l'oeil, j'ai réussi à m'enfiler une douzaine de clope dont trois quand je suis descendu vers 3h, boire une bière au troquet d'en face qui était en train de fermer. Je n'ai pas réussi à penser à autre chose qu'à elle. Chaque bruit de porte, bruit de pas, craquement de l'escalier en bois, toussement, respiration... chaque bruit du silence était le sien, approchant fiévreusement de ma chambre pour enfin me retrouver... et puis non. Où est-elle ? Je suis épuisé. Est ce qu'elle travaille ? Il faut que je sois levé à 10h30. A-t-elle vu mon sms ? J'ai mal à la tête. Va t-elle venir ? Pourquoi je me met dans des situations comme ça ...? Je ferme mon dernier oeil et met mon esprit en veille en pensant qu'aimer est une aventure...

Je suis réveillé par un vicieux rayon de soleil, qui profite de ma negligence de la veille avec les rideaux, pour maltraiter ma rétine. La télé est allumé. Je ne vais pas vous cacher que je consulte directement mon téléphone qui inverse directement le sens du U qui habillait ma bouche depuis que j'avais constaté que le ciel avait balayé ses nuages. Toujours pas d'elle. A cet instant démarre dans mon existence du jour une lenteur aussi pesante que l'humidité pendant la saison des moussons au Vietnam. Je me lave, me sèche et me rhabille délicatement. Je fais mon lit tout en sachant que les draps seront changés après mon départ. Je remballe toutes mes affaires dans mon petit sac. Après, avoir commandé un café, je me poste à la fenêtre, épaule contre la vitre. Le décors n'a pas changé. Seulement la luminosité. Je suis tellement à l'écoute de mon corps et de sa tristesse qui commence à m'envahir que je peux entendre ma respiration et la vitesse de mon rythme cardiaque. Il est 11h25 quand je claque la porte de la chambre 506, et referme derrière moi ce qui aurait du être le théâtre de nos retrouvailles érotiques.

Désormais, je promène ma carcasse, voûté par le poids de l'inéluctable déception qui approche, dans les rues parisiennes. Après avoir cherché la première station de métro, je me suis fondu parmi les habitués. Les rames avaient repris leur abondance de gens. Pour une fois, je me suis senti parisien. J'étais debout, ballotté par les trajectoires sinusoïdales de ce train urbain, les épaules rentrés, le teint blafard, les yeux neutre et cernés, fixant un porte clef MMA accroché à la fermeture éclair de la valise d'une quinqua qui puait l'eau de Cologne. Si je m'étais vu, je me serais fait penser à la tête des faux chiens, que les ploucs pose sur la plage arrière de leurs Opel Vectra. Ou plus simple : à un zombie végétarien...

Lorsque, je réapparaît sous les rayons délicieux d'un soleil à son zénith, mon inconscient me réclame de l'alcool. J'acquiesce. Premier troquet, premier servi. J'installe mon derrière sur la ferraille verte d'une chaise de terrasse ensoleillé. J'ai tout le quartier Bastille sous mes yeux, les reflets de la Seine sur les façades des immeubles haussmanniens qui m'entourent et la vie des gens devant moi. En d'autre circonstances, cela serait une journée merveilleuse. Je commande une bière en apéritif, des olives en amuse-gueule que je ne touche même pas. Mon téléphone est toujours posé sur ma table et ne bronche pas. Je re-vérifie dans ma boite de réception, si je n'ai pas zappé un sms, la nouvelle technoloige est parfois défaillante. Rien. J'enfile trois autres bière pour terminé l'entrée, et commande une bouteille de Jack Daniel's en plat de résistance. Il n'y a toujours pas de petite enveloppe qui se dessine dans le coin gauche de mon écran tactile. Putain de téléphone portable !!! Avec eux, dès qu'on est amoureux, on est toujours en attente. C'était plus facile avant. On attendait des lettres, des télégraphes ou même des pigeons voyageurs tiens ! Mais, au moins on ne passait pas son temps à croire ressentir une vibration contre sa cuisse, à examiner, tous les tour de cadran de la trotteuse, si on a bien quatre bûche croissante de réseau, à composer toutes dix minutes le numéro de la messagerie vocale... L'insupportable attente de l'autre était moins douloureuse car plus espacé.

Le temps est en suspension. Je dois passer, sans m'en rendre compte, de longue minute à fixer des détails insignifiant. La couleur des bas d'une demoiselle en tailleur qui discute sur le trottoir d'en face, la police d'écriture de l'enseigne du magasin de vêtements, la plaque d'immatriculation de la Clio parqué sous mes yeux et qui indique comme un symbole de mon état : 586 ARF 75. ARF !!! ARF !!! C'est exactement le seul bruit inaudible qui s'échappe de ma bouche depuis que je suis assis ici. Et puis l'ivresse s'empare de moi...

Je suis en train de marcher le long des quai de Seine derrière toi, le soleil dans tes cheveux pour m'éblouir de ta beauté tant jalousé. La brise vient m'offrir ton odeur au plus profond de mon nez. Tu te retournes et me sourit. A mon tour je te souris, c'est beau, tu es belle. Je pleure et bande au fond de mon coeur. Tu t'arrétes devant une barrière et place tes mains dans ton dos. Doucement j'arrive à ta hauteur. Je m'empare de tes vingt doigts et niche mon nez dans les cheveux qui cachent ta nuque. Mes yeux se ferment, mes mains serrent les tiennes en même temps que mes bras t'enlace, mon torse se plaque contre ton dos, le temps s'arrête et ma respiration avec...

-"Monsieur ? ça va ?" me demande la serveuse.

-"euh...mmmhrrmmm...oui, oui pourquoi ?"

-"Ah ?! non, comme ça. Vous aviez un sourire béat et lointain, mais vos yeux semblait humides...et puis votre cigarette s'est consumé toute seule entre vos doigts..."

-".....................Oui, désolé... aahhheeeemmm... Je pourrais avoir un sandwich et un cognac siouplait ?!"

-"Tout de suite Monsieur !"

Ce sandwich me sauve la vie, et le cognac détruit mon foie. Il est 16h quand je décide de mes lever pour marcher. Désormais j'ai bien compris que tu ne viendrais pas. Je fais un tour sur les Champs Elysés et son marché de Noël. Les gens ont l'air joyeux. Tant mieux. Je me perd dans le métro. Tant pis. Quand je retrouve plus ou moins mon chemin, je suis à quelques kilomètres de la gare en même temps qu'à quelques minutes de l'heure de mon départ. Je vais y aller en marchant. Je place les écouteurs de mon Mp3 dans mes oreilles. Mes pas sont lent mais régulier. Je prend bien soin d'éviter les rainures des carreaux des trottoirs comme je faisais étant môme. The greatest de Cat Power et sa lanscinate mélancolie m'accompagne. Soudain, une phrase de Beigbeder trouve écho en moi : "On n'a rien à perdre quand on aime personne". Ce sentiment d'effondrement, s'atténue avec ma prise de conscience de la chance que j'ai d'aimer quelqu'un. Il y a des personnes qui passe leur vie à vouloir que quelqu'un les attendent quelque part. Moi, je suis fier de penser que je voulais que tu m'attendes ici...

Il est 17h50 quand je rentre en gare. Je scrute les panneaux de renseignements. Train 1786 de 18h03 : départ retardé. Je l'avais oublié ce détail. La France est sous la neige. Vu les précédents évènements il n'est pas impossible qu'on me garde encore un peu ici. Histoire de prolonger la douleur. Moi et mes pieds redécouvrons la sensation de la veille au soir. Les converses ne sont pas faites pour Paris en Décembre. J'attends en serrant les dents. Train 1786 : 30mn de retard. Puis 15 de plus. Les voyageurs s'amassent autour de moi.J'ai rarement eu autant de personne près de moi et je ne me suis jamais senti aussi seul. Paradoxalement, je ne maudit pas ces retards. Je me mets à espérer de nouveau. A croire de nouveau en Nous. Et si tu débarquais au dernier moment ? Et si je te voyais au loin en train d'espérer qu'il ne soit pas trop tard ? Et si ces retards était un signe du destin et faisait notre chance ? Et si ma vie devenait une comédie romantique qui ferait pleurer les ménagères, les autres voyageurs, les controleurs, le lecteur, toi et moi avec ? Et si... Et si... Le stress me retrouve. Le temps redéfile à une vitesse ahurissante. C'est bien connu, il passe vite dans deux cas : Quand on a des choses à faire et quand on est amoureux...

Au loin, niché derrière des centaines de têtes de toutes les couleurs, une agitation. Des bousculades, des éclats de voix. Quelqu'un court, ou en tout cas le désire fortement. Je contiens la fumée e ma clope, cligne des yeux pour mieux les écarquiller, frotte ma main gauche contre mon jean's pour sécher cette sudation soudaine. Je ne distingue pas grand chose, mais cela se rapproche. Tes cheveux sont là. Oui c'est sur c'est toi, tu ne pouvais pas me laisser repartir. Je vais voir débouler tes yeux qui sont parfois vitreux et ton sourire qui toujours me rend beau. Je suis prêt, mes bras ne demande qu'à s'ouvrir pour tout reconstruire et ne pas repartir. Ma fossette commençe à se creuser, je ne tremble plus à cause du froid...

...

Elle se précipite dans ses bras, avec dans sa main un portefeuille. Monsieur l'avait oublié à la maison, et elle a fait une course contre la montre pour lui ammener. Il l'embrasse a pleine bouche en lui déclarant qu'elle est folle et en lui disant qu'il l'aime. A moins que ça ne soit l'inverse. Le Train 1786 est sur le quai D. Comme tout le monde, je le rejoins, rentre dans mon wagon, pose mon sac et ressort fumer ma dernière cigarette parisienne. Je lève la tête vers le ciel et l'habille avec ma fumée des propres nuages de ma vie. C'est comme ça. Je ne lui en veut pas, tout comme à moi. Il fallait le faire. C'est con mais je pleure quand même...

Au moment où mes yeux s'ouvrent, je ne regrette pas mes dernières trente-six heures. Depuis mon retour, je n'ai pas regardé une seule fois mon téléphone. Je vais mettre le chauffage dans ma salle de bain, et vais accomplir ma pisse matinale. Au moment de tirer la chasse, j'entend une sonnerie. Je rentre dans ma salle de bain et me saisit du téléphone portable. Une envelloppe s'est dessiné. J'appuie sur "Ouvrir". CAMILLE apparait... J'ouvre grand mes yeux et lis :

"...Est ce que tu crois que je peux t'appeler...................?"

Et si.............................................................

 

 

 

 

 

 

 

 

g

Publié dans Roman d'un jour

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M
<br /> <br /> wahouuu wahouuu wahouuuu !<br /> <br /> <br /> j adorre ! j adore .. ce texte c est ca .. on l a tous vecu ! je suis encore passée par tous les sentiments, sentiments amoureux !<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Je n'avais jamais entendu cette musique mais je l'adore :) Merci<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> J"ai adoré, j'ai été totalement plongée dans ce texte.... je me suis sentie comme le personnage principal de cette nouvelle.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> MERCI :)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Merci à toi...<br /> <br /> <br /> Petit conseil, pour une lecture plus aérienne, à lire avec The greatest de<br /> Cat Power en fond qui tourne en boucle...<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> <br /> Ecoute ceci: Camille n'existe pas. Elle est dans la nuit noire. Elle ne peut pas te voir seulement d'envoyer des flashs. Il faut que tu allumes toutes les lampes, que tu l'inondes de tes<br /> lumières. Tien moi au courant aussi.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> ??????????, Rien compris...<br /> <br /> <br /> <br />