Chronique d'un suicide littéraire assumé : Jour 38

Publié le par Alex Taurel

Et je flottais à 10cm du sol, avec l'impression d'être aussi léger qu'un Maltesers. Le mistral aurait pu m'emmener jusqu'à Bombay où nous aurions fait l'amour debout contre un arbre. Le sommeil ne frappait plus que très rarement à ma porte et n'avait plus d'effet sous mes yeux. Je sentais ton manque de moi et ça me grisais. Je me sentais fort et puissant. Rien ne pouvait m'arriver. Ma répartie était aussi fine qu'une feuille de papier à rouler. Le sourire m'accompagnais partout, et mon esprit cherchais toujours à te surprendre. Je fréquentais les boulangeries à des heures insoupçonnés. Je courrais partout en sachant toujours où j'atterrirais. J'étais capable de rester bloqué une éternité sur... toi, légèrement cambrée en shorty, pied nus, jambes offertes, bretelle de ton haut chutant sur ton épaule droite tandis que ta main gauche tenait une bouteille d'eau qui venait se déverser dans ta bouche. J'enviais cette eau coulant sur ta langue et plongeant dans ton oesophage aride avant de te parcourir tout le corp et tu me demandais pourquoi j'avais la bouche bée. Je collais constamment mes dessus de pieds contre les dessous des tiens quand nous étions au lit, et effilais pendant des heures tes cheveux. J'avais des érections à longueur de journée (et même de nuit), Ma queue était aussi dure que le sol, j'envisageais tes seins à leur moindres apparitions. La vue de tes fesses me rendait hystérique et la dégustation gourmande de tes paires de lèvres me transformait en cocotte-minute. Mes mains étaient baladeuses et vicieuses. N'importe quel évènement m'inspirais : un café en terrasse avec toi, une bière sans toi, une goutte de sueur dans ton cou, un éclat de ton rire, une intonation pour m'appeler, le soleil traversant les volets pour venir éclairer un bout de ta peau au réveil, un regard fasciné... Le temps défilait à une allure folle, les heures étaient des minutes et les semaines, des jours.

J'avais tout le temps faim mais jamais froid. Je buvais pour prolonger l'ivresse d'être en toi... Oui j'étais heureux.

Je me sentais aussi lourd qu'après un repas de famille à Noël, Le sommeil ne me fréquentait plus mais avait un effet dévastateur sur ma tronche qui ressemblait de plus en plus à...rien. J'étais irritable toutes les journées.Tout était gris : ma peau, mes ongles, mes yeux, ma tête, le ciel, l'avenir... Je répondais à contre-temps, ma bouche formait un U à l'envers, et mon esprit était en effondrement. Je ne mettais plus un pied dans les boulangeries.Tu me manquais tellement que j'en venais à me demander si tu ne m'avais pas toujours manqué. Je marchais lentement sans savoir où j'allais. J'étais capable de rester bloqué une éternité sur... le bout d'une feuille écornée de la branche d'un palmier, les yeux humides, le regard vague, la cigarette se consumant d'elle même dans ma main droite. J'enviais avec nostalgie les moments passés. Je portais constamment des chaussettes, des fois le même caleçon deux jours de suite et des T-shirt tachés et froissés sans sourcilier.Je ne me regardais dans le miroir qu'au réveil pour me confirmer que j'avais une sale tête. J'avais rayé de mon vocabulaire quelques mots : Désir, libido, excitation, érotisme, exaltation, fantasmes. Et aussi quelques phrases courtes mais efficaces :

- J'ai envie de toi.

- Mets toi toute nue.

- Je bande.

- J'veux voir tes seins.

- J'ai envie de ma queue dans ta bouche.

- T'as tes bras ? parce que je compte m'en servir pour m'habiller.

Plus rien ne m'inspirais, pas même la vue du soleil se levant et offrant à travers l'humidité de la rosé d'un matin de mars, la perception d'un arc-en-ciel à portée de main... Le temps était aussi lent que dans le monde des salles d'attente, Chaque seconde était un jour et les heures, des années et je sentais ce poids de plomb se poser constamment sur mes épaules...

J'avais tout le temps froid mais jamais faim. Je buvais pour retrouver l'ivresse d'etre en toi... Oui j'étais malheureux.

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V
<br /> <br /> Hum, dégueulasse cette situation, j ai eu la boule au ventre ...tres bien décrite<br /> <br /> <br /> C est bon de te lire ..<br /> <br /> <br /> Encore ;o)<br /> <br /> <br /> <br />
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