Chronique d'un suicide littéraire assumé : Jour 28
"A la recherche du bonheur", "Tout le bonheur du monde", "le bonheur est dans le pré"... Quoi qu'on en dise on est tous obsédé par cet état qu'on est incapable de définir.
Le vrai bonheur c'est s'imaginer être heureux, projeter des instants de bien être.Il n'est palpable que lorsqu'on le rêve.
Allongé sur une grosse pierre, je contemple le spectacle que m'offre le ballet des déménageurs. Je quitte mon passé pour connaître mon futur. Ma tète s'évade, mes yeux se lèvent vers le ciel. Je vais habiter en ville sans que les gens ne changent de trottoir. Je me vois déjà dans les jardins publics, traverser les grandes avenues, avoir plein de copains. Je me vis m'installer dans ce nouvel appartement avec une belle chambre, toute grande, pourvu d'un balcon duquel je verrais toute la vie et la ville vivre sous mes yeux. Les messieurs se saluer franchement, les dames déambuler sans retenue, les ados squatter les bancs, les enfants taper du pied sur les trottoirs devant les confiseries, les vieilles à violine baver sur les voisins, les vieux à cannes se laisser vieillir sans broncher devant ce même spectacle que nous contemplons ensemble mais pas cote à cote. Il y aura le cinéma pas loin, des jolies filles avec de belle robes, des motos dans les rues, des bonshommes qui passent du rouge au vert et font le chemin inverse, une bibliothèque, des supermarchés, des arbres mais aussi des routes, du bruit mais aussi des silences, des rires mais aussi des pleurs, des accompagnés mais aussi des seuls... et moi. Et moi qui observerais ce spectacle de mon balcon, l'imagination en branle et l'envie d'écrire et décrire ce que je perçois. Je suis heureux rien que d'y penser. J'ai 3ans et je déménage de la campagne à la ville. Allongé sur ma grosse pierre je viens de flirter avec le bonheur
Le bonheur est un voyage qui commence dès l'enfance.