Chronique d'un suicide littéraire assumé : Jour 34
Alors que j'enfile caleçon, jean's, chaussettes, converses, chemise blanche et matière texturisante malléable dans mes cheveux, Sylvie Vartan prévoit que ce soir je serai la plus belle pour aller danser. Je me permet de la contredire en lui indiquant son erreur quand au sexe de son interlocuteur et au faible taux de probabilité de me voir déplacer mes jambes en rythme sur une surface plate envahit de musique et de gens euphorique...
Me voilà filer tout droit vers mon destin d'un soir. Ce soir je suis seul. Seul à la recherche de l'ivresse. Puisque je ne ferai pas l'amour ce soir, je vais rechercher l'état dans lequel le sexe me laisse. Je pénètre dans cet endroit...euh... étant donné le faible nombre de mètre carré disponible, laissé par la population déjà en place, l'adjectif qualificatif approprié est : exiguë. Je m'installe au seul endroit qui m'est familier, le comptoir, et dévisage la bouteille de whisky. Le message à l'air de passer auprès de la charmante personne chargée de donner le sourire aux individus de mon genre. Je démarre mon labeur. Après une bonne heure à laisser le malt violer mon gosier, à dodeliner de la tête, à répondre aux sourires de circonstances, à échanger des mots et des maux, démons et des mondes avec des connaissances agréables, une main se pose sur mon avant bras. Une voix fluette et limite irritante me lance :
- " C'est toi Enzo Parissé ????!!! "
- "Euh...tu n'as pas besoin de conjuguer mon nom au passé mais oui, je m'appelle Enzo Parisse..."
- "Woooooooohaaaaaaaannnnnnnnn..."
Je me gratte la nuque...
- "Pffffffffffffiiiiiiiioooooooouuuuuuu..."
...puis la tempe...
- "J'adore..."
...puis la barbe...
- "...ce que tu fais...!!!"
...et le dos... avant de lancer :
- " C'est à dire ? Boire des litres d'alcool, seul, un soir d'hiver ?..."
Cette réponse provoque chez elle un rire démesuré et un passage de ses mains dans ses cheveux. C'est clair, comme ses yeux, cette fille a envie de se faire sauter. Elle est poitrinement parlant à son avantage et je commence à être alcooliquement atteint par la maladie du non-refus. C'est l'heure que choisit Britney Spears pour me prévenir que cette fille est Toxic. Je choisis de tout continuer : Boire, la reluquer et discuter. Alors que Kool and the gang finit de demander la Célébration, le DJ choisit d'enchaîner les tubes de soul, tandis que je vide des ronds qui me saoulent. Britney avait raison au sujet de cette fille et à l'heure qu'il est, je remplis et vide des verres pour remplir le vide de nos vers. Tristesse mais heureusement Ivresse. Pow Wow annonce qu'un lion est décédé ce soir, ce qui me fait siffloter un air de joyeuses funérailles. Tout à coup : Panique ! Sacha Distel prévient qu'on ne trouve plus les tuyaux, la lance et la grande échelle. Je me permet de conseiller à la patronne des lieux d'appeler le 18, en cas de soucis. Ça en est trop.Je quitte tout. Et je pars avec la seule que j'étais venu chercher : Ivresse. Je passe la porte de sortie. Air frais. Cigarette. Je remplis mes poumons d'oxygène puis de fumée...puis d'oxygène, puis de fumée et ainsi de suite... Le silence est là. Plus aucun artiste n'est là pour me conseiller quoi que ce soit. Je suis complètement défoncé. C'est pire que ce que je pensais quand je vois ta voiture sur le parking et ta vitre se baisser. Le sourire que tu m'offres en rajoute une couche. "Arrête, si tu continues, je serai incapable de bander..." te dit mon cerveau.
- " J'ai pu me libérer plus tôt, donc je voulais venir te chercher..."
- " Ça va...j'peux...huummm...beurmmp... conduire..."
- " Non, mais c'est surtout que je ne voulais pas te voir rentrer avec une groupie Toxic..."
Mon esprit sourit. Ah si !!! j'arrive à bander...
Alors que la voiture file vers l'endroit de l'ivresse charnelle, je te dis en concluant :
- "Ils passent vraiment des musiques bizarres ici..."