Chronique d'un suicide littéraire assumé : Jour 33

Publié le par Alex Taurel

Assis à la terrasse ensoleillée d'un café citadin, un liquide houblonneux s'engage avec sensualité dans les couloirs de mon oesophage. La chaleur des rayons me caresse la peau et me moleste la tête.Mes yeux se ferment sans que je ne leur en ai cérébralement soumis l'ordre. Je sens ma main droite, seulement grâce à la fraîcheur humide de ma bière. Et puis tout bascule...

Des talons claquent sur les pavés comme les trois coups tapent dans les théâtres : précis, puissant, net, franc. Le rideau s'ouvre... Je me fracture la tension dans l'attente d'une fracture de pantalon. J'ai les yeux qui salivent de ce qui occupe mon attention. Pourquoi les anges terrestres n'apparaissent dans les vies qu'avec du vent qui valse dans leurs cheveux longs ? En tout cas, cet ange s'étalonne avec de belle jambes coupés de bottes noires à talons. Ce pull moulant, et en laine, et tout fin, et noir, et sans soutien-gorges me ramène à la vue d'un chef d'oeuvre. Il ne fait pas si froid et pourtant tu te pointe vers moi, car oui je tutoie tes tétons. Comment peut-on faire autant tourner la tête sans être alcool ou manège ou Marie-Jeanne ? C'est en tout cas pleinement réussi. Ce qu'il y a de paniquant c'est que ton visage est flou, mais que j'en suis amoureux. Je crois que si, de moi, tu passais près, un orgasme j'envisagerais. Ça tombe bien je suis prêt. L'ivresse m'a-t-il tué ? Un long silence soupirant s'installe...

Derrière moi, un vieux se plaint de son café, une femme dit à son mec "d'arrêter de reluquer tout ce qui bouge" (je suis alors soulagé de ne pas bouger la queue...). Un habitué à la toux cajolé par vingt années d'idylles avec ses gitanes sans filtres, explique à son voisin de pose-coude "qu'en réalité ils se sont trompés, il y a 13 signes du zodiaque...". Une dame à la cinquantaine pimpante passe dans le coin, c'est du moins ce que laisse imaginer l'odeur qu'elle dégage. Je sens mes lèvres s'étirer et déshabiller mes dents. Oui, en fait je souris. Je constate que les rayons du soleil n'ont plus aucun effet sur mon visage alors qu'il continuent à brunir l'épiderme de mes bras. Soudain, je réalise qu'un poids est installé sur mes cuisses et que mes yeux demeurent fermés. Une jouissance érotique et humide tamponnent mes paupières. Je les prive instantanément de ce bonheur parfait et offre à mes pupilles une naissance aussi douloureuse à la lumière qu'elle n'est bienheureuse à ta vue. Tu es là. Tu es belle. Je veux embrasser ton jolie cou, lécher ta charmante langue, humer tes désirables lèvres, cultiver tes gracieux cheveux, me gaver de ton décolleté, te déshabiller soudainement, te prendre sur place, te...

 - "Allez, calme toi mon grand... je n'ai pas encore bu moi..." me glisses-tu avant de te lever d'un air complice et frustrant. Alors que tu sembles te diriger vers ta future commande oenologique, tu me chuchotes à l'oreille comme une secrète promesse :

  - " Et puis ce n'est pas assez excitant ici..."

J'ai l'esprit trop fertile quand tu n'es pas là... et bien plus quand tu me rejoins...

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