Je vais...

Publié le par Alex Taurel

 

on-fonce-photo-nuage-plus-expressive 20701Je vais te dire "enchantée mademoiselle",  entendre ta voix, voir tes yeux, toucher ta peau, goûter ta langue.

Je vais être amoureux dès le début. Je vais aimer nos premiers mots, Désirer les prochains, jouir des suivants. Les supplier de ne jamais s'effacer. Je vais vouloir t'avoir, vouloir te protéger, vouloir t'embrasser, encore et t'embraser. Je vais aimer t'avoir voulue. Tu vas me rendre fou. Je vais être fou de toi.  Je vais t'emmener dans mon voyage... Je vais t'emmener avec moi.

Je vais te lire me raconter une sombre histoire de chaussette raté par ton pied qui termine en catastrophe. Je vais te lire terminer ton histoire en citant Shakespeare. Je vais te sourire, te toucher , t'admirer, te rendre fier,  te sentir, te kiffer, te renifler, te singer, te faire rire, te caresser, te frustrer, t'embêter, t'appréhender, te consoler, te parler, te faire fondre, t'amouracher, , te découvrir, te redécouvrir, te chercher, te trouver, t'explorer, t'hasarder, te lézarder, te déclarer, te voir maladroite, t'attendrir, te re-caresser, avoir envie de toi, te désirer, te dévisager, envisager de te dévisager, te lécher, te redésirer, te posséder, te faire jouir, te serrer, t'endormir, te réveiller, t'apaiser, te redécouvrir, te "séréniser", te donner le temps, te dire que tu es belle...

Je vais devenir ridicule aux yeux du monde. Je vais écrire ton nom partout, tout t'appartiendra, ici une esplanade face à la mer avec une bombe de taggeur, là-bas un banc dans un jardin public avec un feutre indélébile, ailleurs le tronc d'un arbre avec un canif, plus loin le trottoir d'une rue piétonne à la craie, une autre fois le coin d'une table au crayon papier... Un jour, le ciel avec la fumée d'un avion à réaction. Ridicule aux yeux du monde je te dis. Je vais t'emmener dans mon voyage... Je vais t'emmener avec moi.

Je vais te prendre la main, te laisser la mettre dans la poche de mon jean's, te laisser la faire fouiller dans ma barbe, te laisser la faire me décoiffer, te laisser la faire me peloter, les fesses, les mollets, le ventre, la queue, le cou, Je vais te laisser faire de moi ta chose, je vais te laisser m'allumer, me chauffer, me faire monter, puis retomber, juste pour ton plaisir de me faire remonter.

Je vais prendre les choses en main. Je vais t'embrasser la bouche, faire durer, jouer, s'arrêter, accélérer, ralentir, lever ma langue, y revenir, et tout arrêter. Je vais te dessaper avant de te retoucher, sentir ton manque de moi, ressentir ton manque d'émoi. Je vais te regarder, te désirer, te toucher, te lécher avec les yeux, Je vais te soulever par les cuisses en te mangeant les lèvres, te poser assises sur la table, m'asseoir puis te manger les lèvres. Je vais voir tes cheveux me camoufler des rayons du soleil. Je vais te voir me supplier de continuer et t'en vouloir de me dire d'arrêter, je vais te voir me sourire en plein jour, je vais te voir me jouir en plein jour...

Je vais t'avoir derrière moi, en vespa, sur les chemins poussiéreux de Corse, t'avoir en face de moi, à table, mangeant du melon au Porto avec du jambon de Parme, à Florence. Je vais t'avoir contre mon torse pour te réchauffer de cette fraiche escapade-clope devant un pub, dans une rue de Londres, Je vais sentir tes gros seins se blottir tout contre mon dos dans la file d'attente d'un Starbucks à Paris, Je vais "ressentendre" le souffle et le chuchotement de ta voix chaude dans le creu de mon oreille au guichet d'une gare portugaise (ce qui aura le pouvoir de me faire bander). Je vais te voir t'enivrer de vin cuit dans une bodega près de Madrid, te prendre en photo une chope de bière à la main sur une place à Berlin, t'avoir sur mes épaules dans une pinède de Juan-les-Pins lors d'un concert de Charlie Winston, te voir renter du marché le sac de course plein, pendant un séjour à Biarritz...

Je vais te faire criser, nous allons nous déchirer, tu ne me supporteras plus, il aura peur qu'elle se sépare. D'ailleurs vous craindrez toujours en vous quittant de ne plus vous revoir. Je vais te voir partir quelquefois en pensant à tous ces mecs qui te regarderons, je ne leur en voudraient pas, comment faire autrement que de te regarder ? Je vais t'entendre claquer la porte en criant, pleurer de mon inconscience à ne pas te retenir, souffrir de réaliser que tu n'as pas dormi là. Je vais venir te récupérer à ton boulot avec une pancarte "Tu m'emmerdes",  je vais te voir m'approcher en souriant, te sentir me chuchoter :

- "toi aussi tu m'emmerdes"

puis je vais te sentir m'embrasser. Je banderai et te le ferai savoir, Je vais réaliser que nos disputes seront des recommencements récurrents pour des broutilles. Je vais te voir partir 10fois, je vais t'entendre claquer la porte 100fois, je vais t'entendre hurler 1000fois...et m'essuyer les yeux dans la continuité. Je vais partir m'évader le coeur, dans une petite ville du Roussillon où je regarderais, sur les hauteurs graniteusement rougis de ma chambre d'hotel, le soleil faire sa vie. Se lever, chauffer et se coucher. J'aimerais tout de ce séjour, surtout ta nuque, malheureusement resté avec toi, sur ton corp.

Je vais voir le temps me maltraiter, à passer si lentement quand tu n'es pas avec moi, alors qu'il  prend un malin plaisir à faire l'extreme inverse lorsque je te partage avec lui. Je vais le voir faire son effet, sans jamais faire retomber le tien. J'envisagerais partager une assiette de tomate-mozzrella baigné d'huile d'olive, dans un restaurant à 12 couverts de Rome, partager un gros pétard de majiruana (ramené illicitement de notre week-end amsteldamois) sur les hauteurs azuréenne, en contemplant la presqu'ile et son ciel virer au rose ou encore passer ma main sous ta robe d'été fuyante, afin de venir avec virulence, sermoner tes fesses joufflues et constater qu'elles sont toujours là. Je vais comprendre que tu me manques atrocement, toujours un peu plus, sans commune mesure, de manière croissante...

Je vais alors t'écrire un livre, pleurer des litres d'alcool et boire mes larmes, m'enfoncer dans le mutisme et sortir mes tripes. Je vais taper, rectifier, croiser, faire valser des milliers de mots sans économiser mes maux. Alonger, aligner, faire se succéder des millions de lettres pour habiller mon manque de toi. Je vais acheter ton parfum pour accompagner cette perverse douleur. Non d'ailleurs j'achèterais TOUS les flacons de ce parfum, pour que jamais plus une seule personne ne soit envoûter par ton odeur. Je vais sauter à l'élastique pour me rapprocher de l'effet de ton premier baiser, J'écouterais en boucle toute les chansons qui me rappelleTOI, J'irais dans tous les endroit qui me rapelle TOI. Je vais me surprendre à laisser couler une larme devant un modeste feuilleton d'après-midi, se rapprochant de la définition de navet. Je vais voir des traces de pneu se dessiner sous mes yeux...

Je vais sortir de chez moi, un samedi à 15h du matin. Je vais poser mes pieds sur le bitume chauffé par la chaleur écrasante d'une journée d'avril, allumer la cigarette matinale qui me fera tourner la tète, pour me rappeler ce que c'est que de te faire l'amour. Je vais marcher en direction d'une café, croiser les gens qui vivent leurs vies, sans être encombrés de problèmes aussi superficiel que le mien. je saluerais mollement mon voisin, ferais un clin d'oeil furtif à une connaissance, tracerais mon chemin tète baissé. Je vais rentrer dans ce café, faire la queue, regarder la vitrine et m'arrêter. M'arrêter de bouger, de penser, de réfléchir, d'envisager, d'entendre, de respirer...

Je vais tout arrêter pour pouvoir sentir. Rester immobile et sentir pour ressentir. Ce parfum... il est là. D'un seul coup, une main, douce, fluette, à ongles... D'un seul coup une présence, derrière moi, sans me toucher, juste une chaleur. Cette main qui frôle la mienne. mes jambes qui s'effondrent, mon système respiratoire qui défaille, mes yeux qui se ferment...

Je vais ne pas me retourner. Je vais sentir tes seins se blottir contre mon dos, ta main prendre la mienne. Tous mes sens reprendront en choeur le rythme anarchique de mon coeur. Je vais me retourner, garder mes yeux fermé pour finalement les ouvrir, car j'aurais peur que mes battements de coeur ne te blesse...

Je vais sortir de ce café avec toi, ne rien te dire. Je vais me perdre dans le bonheur de l'instant présent. et j'aurais envie de savoir quelle femme agée tu seras...

Je vais, quand même, sortir le livre de mon malheur. Ce sera comme le cadeau de noël de nos adieux précédents nos retrouvailles. Je vais t'emmener dans mon voyage. Je vais t'emmener avec moi...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Roman d'un jour

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M
<br /> <br /> prenant encore et toujours... ça donne envie de vivre cette histoire et ça définit totalement ce que l'on ressent dans une relation si forte soit elle.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Chapeau l'artiste...<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> je vais... tout simplement te dire merci!!!<br /> <br /> <br /> de me permettre d'etre amoureuse de l 'ecran de mon ordi sous le charme de ces lignes!;-)<br /> <br /> <br /> bravo un des plus abouti et des plus beau pour ma part<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> le plaisir de lire est de plus en plus grand chaque fois ...un regal .. j adore ... je v jamais que cela s arrete .. tu me fais rever c est le propre  du roman, de la lecture ... je ne te<br /> connais pas et je te kif! j espere plus un aussi long silence ;o)<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> alex, t'es prenant quand t'écris<br /> <br /> <br /> lache les chevaux mec!!<br /> <br /> <br /> mick<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> A nouveau un plaisir à la lecture, à nouveau ce sentiment de ne pas vouloir voir le point final.<br /> <br /> <br />
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