Parfois on regarde les choses...

Publié le par Alex Taurel

ciel nuages 59 Le ciel est bleu et fréquenté de nuages. Je le fixe, tire sur ma cigarette nerveusement, me mordille la lèvre inférieure, recrache la fumée qui a goudronnée une parcelle de l'autoroute A5 de mes poumons...Mon esprit s'échappe et dévit de mes pensés qui me rendaient initialement nerveux.Je vois un nuage chantilly-esque qui approche du soleil. Je le redoute. Sentir le soleil qui réchauffe sa peau lorsqu'il fait frais fait partie des plaisirs simples de la vie. Je me demande qui me rajoute encore des bâtons dans les roues. Et puis je me dis que si je fuyais, que je partais en courant, que je me lançais loin, que je changeais d'endroit,j'aurais toujours ces rayons de soleil sur ma peau...

Parfois on regarde les choses telles qu'elles sont en se demandant pourquoi, parfois on les regarde, telles qu'elles pourraient être en se disant pourquoi pas...

Aussitôt, j'écrase ma cigarette et je me précipite. Je me précipite...Je me précipite au chiottes pour pisser, c'est déjà ça. Quand on se précipite en général, on ne sait pas comment le faire. Je profite de ces 30sec urinaire pour faire le point sur ma précipitation. Chasse tirée, braguette fermée, basket aux pieds, CB checké, porte claquée, deux roues enfourché...je file et me précipite.Le bitume s'engouffre sous mes yeux et mes roues. On dirait mes poumons. Le soleil a corrigé ce salopard de nuage "perle de lait". C'est beau le bitume quand il fait soleil... les arbres y font ombres chinoises J'entends des klaxons, peut-être à mon encontre, ce que je sais c'est que le feu vert est avec moi. Je trace ma route. Ma cervelle fume, c'est un diaporama dans ma tête, un dossier PDF en continue, ma stéréo est sur Nostalgie...je ne remarque même plus ce qui m'entoure, la circulation est obsolète...

Elle est là. Elle, son tout, ses riens, son boule , ses reins, son goût, ses seins, son souffle, ses mains...

Je l'ai eue, je l'avais, je l'ai perdue, rattrapée, oubliée, rejointe, gagnée, désespérée, énervée, étouffée, poussée, supportée...je l'ai aimais, je l'aime.

J'arrive en gare. Parce que oui, toute les histoires d'amour ont des moyens de locomotion. Parce que oui, j'ai peur en avion.Parfois le hasard fait bien les choses, un train sur trois fonctionnent, et il y en a un qui me va droit au coeur et part dans 10min. Pas le temps d'acheter des billets... Tant pis, je paierais en sus, amende et consorts s'il faut. Ce n'est pas moi qui le dit, l'amour de sa vie ça n'a pas de prix, pour tout le reste il y a Eurocard/Mastercard.

Si vous suivez..."baskets aux pieds, CB checké..."

Je me précipite en voiture 16, par chance il y a de la place même une fois que le train démarre. Place 27 côté fenêtre pour voir la France faire un défilée sous mes yeux, collection Automne/Hiver. Je lâche la haute couture au bout de 20min... Le diaporama se relance.

La première fois que je l'ai vue, j'ai eu envie de la prendre dans mes bras, la première fois que je lui ai parlé, j'ai eu envie de la faire rire, la première fois que je l'ai embrassée, j'ai eu envie de voyager avec elle, la première fois où je lui ai dit je t'aime, j'ai eu envie que ma vie ne s'arrête jamais, la première où j'ai couchée avec elle...j'ai eu envie de recommencer.La première fois que j'ai recommencer j'ai eu envie de me réveiller avec elle, la première fois que je me suis réveillée avec elle, j'ai eu l'envie de la première fois où je l'ai vue...

Les histoires d'amour sont mal faîtes. C'est toujours ceux qui sont fait pour être heureux ensemble qui ont des soucies. Peut être ne veulent-ils pas, par pudeur et humilité, que cela soit trop facile. Après tout on est conscient de son bonheur, seulement si on a tutoyé Malheureux. Nous somme tous les deux très pudique et humble.

Alors que je suis en Train, ses mots de la veille reviennent entêtements comme le refrain d'un mauvais tube d'été de TF1 dans ma tête :

dur, loin, jaloux, manque de confiance, plus pareil, besoin de partir, loin, longtemps, Bali, laisse moi, Thailande....

Pouuuuaaahhh !!! font vraiment de la merde TF1 !!!!

Je me précipite vers elle. Après ce refrain je suis restée figé pendant 10h d'affilée, mes seuls gestes ont été de fumer, de pisser et de boire entre la 7eme et la 10eme heures, puis je me suis précipité. Elle n'est à pas côté. Alors la précipitation prend du temps. Je ne sais pas quand est ce qu'elle doit partir.

Dans une semaine, 1h, demain...Peut être l'est elle déjà. Alors je me suis précipité, pour arrêter de gâcher. Je réfléchis trop...peut être qu'en me précipitant... Ou bien peut être qu'en arrivant elle sera déjà parti, où sur le point de la faire. Je ne la croiserais peut être même pas.

Elle partira, loin, à Bali pendant 3mois et elle rencontrera un bel expatrié Argentin qui est un fin connaisseur de vin français, qui parlera 5 langues, s'occupera d'un orphelinat en même temps qu'il fait fonctionner sa boite d'import/export de textile bio sud américain. Il jouera de la guitare, sera beau et aura confiance en lui malgré qu'il eu été largué par sa femme il y a 5ans, sans prévenir, ce qui rajoutera cette touche de fragilité au personnage... elle craquera, l'épousera et ils partiront faire leur voyage de noce en Thailande ou ils procréeront leur premier enfant, Andrès...puis suivrons, Julia, Camille, Javier, Lizia et le petit Enzo. Moi je m'écroulerais tel le mur de Berlin, à coup de massue. On installera des péages sur mon autoroute de poumon tellement je fumerais. Je deviendrais alcoolique pour ne plus penser à elle, avec l'effet inverse. Je perdrais la femme que j'aime, mon boulot, ma fierté, mes amis, mon envie, mes couleurs... La calvitie me rattrapera mais je choisirais pour me saborder de ne pas me raser et de laisser la mèche-cache-misère... A 30ans, j'en paraîtrais 68...Ma vie serait ruiné et je subirais le coup de grâce en croisant toute la petite famille de passage en France, elle ne me reconnaîtra pas. C'est ce qui va m'arriver c'est sûr. Je sens ces trucs là. Je mesure ce qu'est d'avoir "mal au coeur."

Parfois on regarde les choses telles qu'elles sont en se demandant pourquoi...

 Je repose mes yeux sur le défilée qui s'offre à moi et retrouve un peu mes esprits. Juste le temps de m'apercevoir que je suis presque arrivé et qu'aucun contrôleur ne m'a demandé de billets... Je souris, croise les doigts et m'échappe dans mes pensées insatiables. Peut être que ce que je fais est enfin un vrai départ pour nous. Peut-être qu'en arrivant, je prendrais un taxi à qui je raconterais mon histoire et qui se débrouillera pour prendre des raccourcis, manque de chance, nous tomberons sur un embouteillage. Alors je paierais, lui dirais de garder la monnaie, il me répondra "bonne chance mon pote", je commencerais à courrir, courrir et ne jamais m'arrêter, toujours au même rythme, je courrais encore, déterminée, les gens se retourerons et m'encouragerons.Et puis j'arriverais juste avant qu'elle même ne monte dans son taxi, elle lachera ses valises toute etonnée que je sois là, je marcherais jusqu'à elle, ni essouflé, ni transpirant. J'entendrais nos deux coeur battre si fort qu'un passant demandera au voisin si "les tambours du Bronx sont en concert dans le coin cet aprem ?", les nuages s'éclipserons un à un, laissant place à un arc en ciel, sans qu'il n'y ai eu une seule goutte de pluie, Yann Thiersen déclenchera une ballade romantique au piano et violon... Je m'approcherais, elle voudra me demander ce que je fais là, je la couperais et lui dirais que "la premère fois que je t'ai vu j'ai eu envie de te prendre dans mes bras... je me rend compte que toute les autres fois où je t'ai vu, ça a toujours était le cas. Tu ne ressembles à personne...Je ne veux pas que tu ailles faire des enfants avec un argentin de Bali... Je veux vivre avec toi". Elle sourira, rigolera et m'embrassera et ça sera le 14 juillet et la fête de la musique combiné dans mon corp. Je m'excuserais auprès de son taxi pour ce déplacement inutile, et il me répondra "c'est rien mon pote..."

Parfois on regarde les choses telles qu'elles pourraient être en se disant pourquoi pas...

 Je sors du train, de la gare, allume une clope, marche cent mètre, descend dans une bouche, rentre dans un wagon, et cotoie de près la foule métropolitaine, un homme sent très fort l'alcool à 5cm de mon nez, une femme sent...on ne veut pas savoir ce qu'elle sent, à 1m de ce même nez. il y a des jeunes, des vieux, des beaux, des moches, des riches, des pauvres, des étudiants, des enfants, des Mp3, des Ipad, des Iphone, des journeaux, des yeux hagards, des yeux plissés, des yeux durs, des sudokeur, des discussions...bref il y a des gens. Je sors d'une bouche, marche en envoyant un texto, sifflote, stress, sue des mains, fume, cherche, attend un texto ou un appel, m'énerve... Beigbeder disait : "l'amour au XXeme siècle, c'est un téléphone qui ne sonne pas...".

 J'arrive en bas de chez elle, pas de taxis.

Je sonne en bas de chez elle, pas de réponse.

Je l'appelle en bas de chez elle, pas d'autre voix que le répondeur.

Je fais quelques pas, allume encore une clope pour faire avancer mon chantier de travaux publics en regardant jouer les enfants du terrain d'à côté... Des mains viennent se glisser entre mon ventre et mon pull, des seins viennent se blottir contre mon dos, je jette ma clope à peine entamer, me retourne et la serre dans mes bras...

Je souris, elle aussi. On s'embrasse. Nous nous serrons fort. Ils ne font pas d'effusion auditive de joie.

Le même Beigbeder écrivait : "Les plus belles fêtes sont celles qu'il y a à l'intérieur de nous" . J'échangerais toutes les putain de grosses soirées de ma vie que j'ai faites et qu'il y a venir contre celle qu'il y a en moi en ce moment

Vous ne comprenez pas....

Je réfléchis trop parfois. Je me précipite aussi. Je suis simplement un auteur qui est venu rejoindre la femme qu'il aime, qui s'est fait des histoires et s'est perdu dans son imagination...

Parfois on lit les choses telles qu'elles sont en se demandant pourquoi, Parfois on les lit telles qu'elles pourraient être en se disant pourquoi pas...

Je la prend par la taille, nous partons goûter un peu au bonheur et vouvouyer Malheureux.

- " Je t'ai déjà dit que la première fois que je t'ai vu, j'ai eu envie de te prendre dans mes bras, que la première fois que je t'ai embrassé..."

- "Allez hop hop hop...arrêtes toi de suite, je n'suis pas une de tes lectrices mon grand...! "

Des hommes en hausse de testostérone sifflent la jolie fille en mini-jupe, des vieilles font chier leurs clebards sur le trottoir, la SNCF est en grève, le beaujolais nouveau est imbuvable, l'Afrique à toujours faim, il y a 1h de queue à la poste, Fabrice Lucchini est incollable en littérature, la baguette de pain est à 0,80c d'euros.... bref la terre n'a pas cessé de tourner.

Demain est un oiseau qui siffle, demain est un corp chaud et nue allongée contre mon dos, demain est un bisou dans le cou, demain est son sourire qui illumine ma vie, demain est un verre de bourgogne partagé, un décolleté, une main passé dans mes cheveux ou ma barbe, un pétard qu'elle porte à mes lèvres, un clin d'oeil maladroit, demain est sa main dans la mienne

Publié dans Roman d'un jour

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C
<br /> <br /> superbe... differentes emotions en si peu de ligne et une envie subite de vivre cette vie avec cet homme... Un ptit moment de reve ou je me suis laisser agreablement transporter!chapeau!<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> j'aime, j'adore, j'ai été emportée complétement par ces mots et me suis sentie comme l'heroïne de ce récit....<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> j'en veux encore, encore et encore :)<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> trop bien ... trop longtps... trop contente !<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> J attendais avec impatience le prochain article, et je peux maintenant dire que j ai bien fait d' attendre... Comme à chaque fois magnifique texte, les mots t appartiennent... Très bel article alex<br /> en espérant que d' autres suivront vite! bisous<br /> <br /> <br />
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I
<br /> <br /> Superbe! maintenant que tu es de retour, va falloir en ecrire d'autres des articles.... <br /> <br /> <br /> <br />
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